dimanche 19 mai 2024 18:54

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Charlie Hebdo: Une liberté d'expression sélective et déséquilibrée (politologue français)

"La liberté d'expression a perdu tout son sens chez l'hebdomadaire Charlie Hebdo, qui en fait une appréhension sélective et déséquilibrée", a indiqué, samedi, le politologue français et directeur de recherche à l'Institut des recherches et des études sur le monde arabe et musulman à Aix-en-Provence, François Burgat.

M. Burgat, qui animait une conférence sur "Charlie hebdo ou les tourments de l'islam de France", organisée par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) dans le cadre de la 21ème édition du Salon international de l'édition et du livre (SIEL) de Casablanca, répondait à une question sur la montée de l'islamophobie en France suite aux attaques contre l'hebdomadaire français.

Le politologue français, qui consacre l essentiel de ses travaux à l'étude des dynamiques politiques et des courants islamiques dans le monde arabe, a souligné que ces attentats ont suscité un vif émoi international, relevant que ces attaques ont été instrumentalisées, dans le sens où elles ont contribué à exacerber davantage le malentendu vis-à-vis de l'islam en France.

Se déclarant contre un soutien "aveugle et inconditionnel" dans ce cas, M. Burgat, l'auteur de "l'islamisme à l'heure d'Al-Qaida: réislamisation, modernisation, radicalisations", a insisté sur la nécessité de faire la différence entre la caricature, l'humour, l'ironie et la stigmatisation.

"La liberté d'expression a perdu tout son sens dans le cas de Charlie Hebdo car elle a été sélective et déséquilibrée", a-t-il estimé, faisant remarquer que la liberté d'expression est devenue un permis pour injurier et insulter.

De son côté, Razzy Hammadi, député à l'Assemblée nationale du Parti socialiste, a estimé qu'on "peut être en désaccord avec ce que vous faites, ce que vous pensez ou ce que vous écrivez dans un état de droit", mais ce sont les principes sur lesquels est fondé cet Etat de droit qui priment en cas de malentendus.
M. Hammadi, qui a qualifié d'échec collectif les réactions des politiques et des journalistes qui ont instrumentalisé le slogan "Je suis Charlie", a relevé que dans ce cas-là, l'Etat de droit garanti le recours aux tribunaux comme en témoigne les plaintes introduites par les représentants de la communauté musulmane de France auprès des tribunaux français contre Charlie Hebdo.

"En France, nous avons deux façons pour évaluer la situation actuelle: ou bien vers le meilleur ou vers le pire", a-t-il mis en garde, faisant observer que l'Islam fait désormais partie de l'identité, de la culture et de la diversité nationale de France, incarnée par l'esprit de la laïcité de l'Etat français.

"Sortir de la situation dépend de notre capacité de juguler le phénomène", a noté M. Hammadi, qui a insisté sur la nécessité de faire prévaloir une vraie rigueur intellectuelle et un réel esprit de la tolérance pour surmonter la situation actuelle en France et tout autre évènement dans l'avenir.

Le CCME participe au Salon international de l'édition et du livre (SIEL) qui se tient du 12 au 22 février à Casablanca, à travers des activités placées sous le signe "Migration, diversité et citoyenneté: le défi du vivre ensemble".

Une centaine d'intervenants, chercheurs, auteurs, philosophes et journalistes venus de France, Belgique, Italie, Espagne, Allemagne, Arabie Saoudite, Emirats-Arabes-Unis, Palestine et du Maroc apporteront un éclairage et des pistes de réflexions à cette problématique dans les différents espaces conçus à cette occasion.

14 févr. 2015

Source : MAP

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