Outre le message artistique qu'elle porte, l'œuvre d'art se transforme en une pièce documentaire historique, sociale et économique d'une valeur inestimable, a confié l'artiste tétouani dans un entretien à la MAP, en marge de sa participation aux activités du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) organisées à l'occasion du Salon international de l'édition et du livre (SIEL) de Casablanca.

L'artiste passe ainsi de sa condition de créateur pour se positionner en tant que témoin de son époque, ajoute ce natif de Tétouan en 1945, qui intègre à l'âge de 17 ans, l'Ecole Supérieure de Beaux Arts de sa ville natale avant de s'envoler en 1967 vers Séville (Espagne).

Les dimensions de la création sont nombreuses et touchent différents domaines, note ce grand artiste peintre, dont certaines toiles ont été reproduites dans des billets de banque au Maroc, notamment l'ancien billet de 100dhs, relevant qu'à travers les œuvres d'art ont comprend l'histoire et l'évolution des peuples.

Et de citer dans ce sens l'exemple de l'homme primitif qui communiquait avec son entourage à travers le dessin sur la pierre, ajoutant que la peinture a précédé la lettre.

Le dessin et la peinture furent les premiers moyens de communication que l'homme a inventés en tant que l'une de ses premières nécessités de survie, explique M. Ben Yessef, établi depuis près d'un demi siècle à Séville et dont les œuvres se trouvent dans des collections particulières et d'Institutions de différents pays et illustrent des portails de plus de deux cent livres de différents auteurs, comme "Tétouan, ville de tous les mystères" d'Aziza Bennani, publié par l'Université de Grenade et "Humiliation" de son grand ami feu Mahdi Mendjra.

Ce dernier l'a d'ailleurs qualifié d'"homme de conviction" dont la peinture est "une profession de foi". "Son œuvre authentique prend ses sources dans les lumières de Tétouan et dans les ombres de ses ruelles, dans le mouvement, le langage et la musique de ses habitants, dans le rire de ses enfants, les parfums de ses plantes et l'envol de ses pigeons", disait le défunt futurologue à propos de Ben Yessef.
Revenant sur le processus de création artistique, Ben Yessef, qui vit à cheval entre Séville, le Maroc et les Etats-Unis, estime qu'on ne devient pas artiste dans la vie, étant donné que le talent est un don qui nait avec son porteur, signalant que toutefois ce talent divin a besoin de se perfectionner et de se forger par la formation académique et la pratique.

18 fév. 2015,Idriss Tekki.

Source : MAP