mercredi 15 mai 2024 09:47

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Suisse: ruée sur le passeport à la croix blanche

Les demandes de naturalisations ont explosé l'an dernier en Suisse et le phénomène s'accélère encore depuis le début de cette année, alors que les Suisses doivent voter dimanche sur un texte visant à expulser les "criminels étrangers".

La situation est inédite dans ce pays d'environ 8 millions d'habitants où vivent quelque 25% d'étrangers, parfois sur plusieurs générations, sans avoir ressenti le besoin ou la nécessité de demander un passeport suisse.

En 2015, une année après la votation sur la "limitation de l'immigration de masse", les naturalisations ont augmenté de 23% en Suisse pour atteindre 40.588 personnes, selon des chiffres publiés par le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) à Berne.

Et depuis le début de l'année 2016, on assiste à une très forte hausse de demandes de dossier en vue de la naturalisation.

Pour Steve Maucci, chef du service de la population du canton de Vaud à Lausanne, le constat "est "clair": les étrangers vivant en Suisse se disent désormais que leur statut "est risqué" et qu'ils ont "intérêt" à franchir le pas et à demander la naturalisation, a-t-il dit à l'AFP.

Les Suisses votent dimanche sur un texte prévoyant le renvoi de "criminels étrangers" sous certaines conditions. Ce texte s'appliquerait aussi aux "secondos", le terme local pour désigner les étrangers de la 2ème génération, qui sont nés en Suisse de parents étrangers mais qui n'ont jamais demandé de passeport suisse.

Dans la ville de Zurich, la plus grande de Suisse et où les "secondos" sont légion, les demandes de naturalisations ont augmenté de 40% en moyenne hebdomadaire depuis le début de l'année, par rapport à 2015.

Le même phénomène est constaté dans le canton de Vaud et surtout dans le canton de Genève, où les naturalisations ont été multipliées par trois.

Dans le ville de Nyon (canton de Vaud), les naturalisations ont augmenté de 60% en 2015. Et l'on s'attend à une hausse de 106% en 2016.

Tests de connaissance

Selon la porte-parole de la ville de Zurich, citée par le journal suisse Tages Anzeiger, "cette hausse peut être une conséquence de la discussion autour de la votation sur le renvoi des criminels étrangers".
Pour le chef du service de la population du canton de Vaud, un autre facteur est aussi à prendre en considération pour expliquer cette hausse.

Une nouvelle loi, plus restrictive, va entrer en vigueur le 1er janvier 2018. Les étrangers devront passer des tests écrits et oraux de connaissances sur l'une des langues nationales du pays (français, allemand, italien, romanche). Actuellement, seuls des tests oraux sont obligatoires.

En outre, après 2018, seuls les étrangers titulaires d'un permis de séjour "C", plus difficile à obtenir, pourront déposer une demande de naturalisation.

Actuellement, cette possibilité est offerte aussi aux titulaires du permis "B", que l'on obtient assez facilement et du permis "F", délivré aux réfugiés.

Pour le seul mois de décembre 2015, 5.985 étrangers en Suisse ont obtenu le passeport rouge à la croix blanche, soit une hausse de 34,2% par rapport à décembre 2014.

Les plus fortes hausses de naturalisations concernent les résidents espagnols (+96,75%), les résidents français (+89,41%), les résidents portugais (+82,98%), les résidents macédoniens (+28,76%) et les résidents kosovars (+27,37%).

Les Français aiment s'installer dans le canton de Vaud. En 2015, ils ont représenté à eux seuls 24% de l'ensemble des naturalisés du canton, loin devant les Portugais (12%).

Et l'année dernière, il y a eu 800 Français qui ont choisi de s'installer dans ce canton. Mais il leur faudra être patient pour obtenir le passeport suisse : 10 ans de résidence, des revenus suffisants, pas de casier judiciaire et 3 ans de procédure.

23 fév 2016,Marie-Noëlle BLESSIG

Source : AFP

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