mercredi 15 mai 2024 09:02

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

A Idomeni, l'angoisse des réfugiés "sans papiers"

Pas de passeport? pas de passage: A Idomeni, à la frontière gréco-macédonienne, Shanaz, une réfugiée syrienne en route avec ses trois enfants pour rejoindre son mari en Hollande vient d'être refoulée, victime des nouveaux freins mis aux flux migratoires par les pays de la route des Balkans.

Entourée de ses enfants, deux garçons de six et trois ans, une fillette de cinq ans, cette mère de famille fond en larmes. C'est son mari, passé cet été, qui a les papiers des enfants, elle ne peut produire que des photocopies, explique-t-elle, en vain.

Il y a encore une semaine, elle aurait pu poursuivre sa route vers la Macédoine, mais entretemps, les polices des cinq pays de la route des Balkans (Macédoine, Serbie, Croatie, Slovénie et Autriche) se sont coordonnées, le 18 février à Zagreb, pour limiter les flux.

Désormais, Skopje affirme appliquer ce qui alors été décidé, sur la base de "critères imposés par les pays de destination finale".

Un porte-parole de la police autrichienne explique que dans son pays, au débouché de la route des Balkans, sont recalés ceux dont les "déclarations sont contradictoires" et/ou "dont l'identité ne peut pas être établie".

L'absence de papiers d'identité ou la présentation de faux papiers constitue donc un motif de rejet, précise-t-il.
"Pour beaucoup de Syriens et Irakiens, la demande de passeports est un gros problème", relève un employé du HCR. "Avant, ils étaient acceptés avec les documents fournis par la police grecque" lors de leur identification et enregistrement dans les hotspots mis en place sur les îles grecques, première porte d'entrée en Europe de l'exode en cours.

L'Union européenne a toutefois réclamé des mesures à la Grèce pour sécuriser ces documents, en l'état facilement falsifiables. Surtout, de plus en plus de voix s'élèvent en Europe pour que les réfugiés ne soient plus autorisés à poursuivre la route des Balkans, comme l'UE l'a implicitement accepté depuis des mois.

L'Europe centrale et de l'Est en renfort

Au poste de Gevgelija, côté macédonien de la frontière, des policiers autrichiens, serbes, croates, hongrois, tchèques et slovaques ont été envoyés en renfort pour aider leurs collègues macédoniens, selon une source gouvernementale macédonienne.

Priant pour que cela soit suffisant, un jeune Syrien s'approche d'un garde macédonien en tendant son certificat de naissance. Après deux minutes d'angoisse, il est autorisé à passer.

Parmi ceux qui attendent encore côté grec, autorisés par groupe de 50 à 100 à tenter leur chance, certains brandissent leurs passeports, d'autre les téléphones portables où ils ont stockés des photos de leurs papiers. Au total, ils sont près de 3.000, en majorité Syriens et Irakiens.

En revanche, les Afghans, qui étaient encore près de 600 massés à Idomeni lundi, ont eux disparu des abords du poste frontière, évacués mardi par la police grecque ou empêchés de gagner les lieux à leur arrivée au Pirée en provenance des îles.

Depuis dimanche, la Macédoine leur a fermé ses portes, invoquant le refus des Serbes et Croates de leur laisser continuer leur route, sans que les raisons précises de cette mesure ne soient connues.

A charge pour la Grèce de gérer dans l'urgence la prise en charge de ces ressortissants, qui continuent d'affluer quotidiennement par centaines sur les îles, selon le HCR.

Shanaz et ses enfants sont quant à eux dirigés côté grec sous la tente du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l'ONU où des employés expliquent qu'il ne lui reste plus qu'à demander l'asile en Grèce, et attendre de pouvoir bénéficier des règles de regroupement familial.

La procédure prend souvent des mois, au vu de la mauvaise volonté de nombre de pays européens à jouer le jeu de la répartition des réfugiés dans l'UE, selon l'ONG grecque Metadrassi, qui s'occupe des mineurs non accompagnés.

De quoi pousser les proches séparés, y compris enfants et mineurs non accompagnés, dans les bras des passeurs, s'indigne Loras Pappas, présidente de cette ONG.

24 fév. 2016,Iliana Mier

Source : AFP

Google+ Google+