mercredi 15 mai 2024 17:56

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Suisse: nouveau référendum sur l'expulsion automatique des criminels étrangers

Les Suisses doivent à nouveau se prononcer dimanche par référendum sur la proposition controversée de la droite populiste UDC d'expulser automatiquement, même pour des infractions mineures, les criminels étrangers.

Six ans après l'adoption par 52,9% des voix d'un texte plus édulcoré, présenté par l'Union démocratique du centre (UDC, premier parti suisse), le peuple suisse est consulté cette fois sur une initiative beaucoup plus dure réclamant "le renvoi effectif des criminels étrangers".

Après l'adoption du premier texte, le Parlement helvétique a introduit en mars dernier une clause permettant aux juges d'éviter l'expulsion automatique des condamnés dans certains cas.

Cette nouvelle initiative dite de "mise en oeuvre" de l'automaticité, élargit par ailleurs la liste des motifs d'expulsion à des infractions.

Elle demande notamment le renvoi automatique de tout étranger ayant déjà été condamné au cours des 10 dernières années, qui serait reconnu coupable d'avoir commis des infractions mineures comme des "lésions corporelles simples" ou d'avoir participé à une "rixe".

Le gouvernement et le Parlement jugent la proposition de l'UDC contraire aux "règles fondamentales" de la démocratie. Aucun autre parti national, ni les syndicats et milieux économiques, ne soutiennent l'initiative.
 Pronostic très serré

Mais l'UDC a bousculé le jeu politique ces dernières années avec notamment des campagnes réussies pour interdire la construction de minarets et contre ce qu'elle a appelé "l'immigration de masse".

Cette fois, elle souligne que sur 10 criminels dans les prisons suisses, 7 sont des étrangers. "Les étrangers ayant commis des délits graves et les étrangers récidivistes ne méritent plus de rester sur notre sol", estime le parti, dont les affiches électorales représentent un mouton noir expulsé du drapeau suisse par un mouton blanc.

D'après l'Office fédéral de la statistique, la révision du code pénal adoptée l'an dernier par le Parlement aurait pu conduire en 2014 à l'expulsion de près de 3.900 personnes, contre 500 en moyenne. Avec l'initiative de l'UDC, ce chiffre aurait bondi à 10.200.

D'après le dernier sondage réalisé par l'institut gfs.bern, publié le 17 février, les deux camps sont presque à égalité, avec un léger avantage pour les opposants, à 49% contre 46%. Mais l'issue du scrutin reste ouverte, avec 5% d'indécis.

Pour Pascal Sciarini, politologue à l'université de Genève, "l'arrivée de migrants en Europe, ainsi que les événements de Cologne dans la nuit du 31 décembre, peuvent jouer un rôle" en faveur de l'UDC.

Tunnel et mariage

Un appel a été lancé fin janvier - signé depuis par plus de 50.000 personnes dont plus de 200 personnalités - pour dire "Non à l'initiative inhumaine de l'UDC".

Et le président du Parti bourgeois démocratique (PBD, droite), Martin Landolt, n'a pas hésité à relayer sur Twitter une affiche polémique que l'on peut voir dans certaines gares suisses, représentant l'emblème suisse de la croix blanche sur fond rouge transformée en croix gammée et comparant la date du 28 février à celles de la nomination de Hitler comme chancelier allemand en 1933 et de l'introduction de l'apartheid en Afrique du Sud en 1948.

Dimanche, les Suisses seront appelés à se prononcer sur d'autres initiatives populaires, comme la construction d'un deuxième tunnel routier sous le massif alpin du Saint-Gothard, principal axe nord-sud de la Suisse.

Le gouvernement suisse projette de construire ce tunnel afin de pouvoir rénover le premier, qui date de 1980, sans interrompre le trafic routier sur cet important axe du pays. Le projet suscite une vive opposition, regroupée au sein de l'association "Non au 2ème tunnel au Gothard" qui a décidé de demander l'avis du peuple.

Une autre initiative, défendue par le Parti démocrate-chrétien (PDC, centre), mais rejetée par le gouvernement, réclame une égalité de traitement devant l'impôt des couples mariés et des concubins, qui sont actuellement moins taxés.

25 fév. 2016,Agnès PEDRERO

Source : AFP

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