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Réfugiés : l'Europe se déchire

Cette semaine à Bruxelles, les ministres de l'Intérieur européen s n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur le sujet brûlant de la crise migratoire. Dépassée, l'Europe semble incapable d'agir collectivement.

Désaccords, invectives, accusations, cacophonie… La réunion des 28 ministres de l'Intérieur des états européens qui s'est tenue jeudi à Bruxelles, a été pour le moins houleuse. La crise migratoire généralisée dans les Balkans et dans le Péloponnèse, cristallise les crispations au sein de l'Union européenne. Une absence de consensus qui menace l'espace Schengen. Même si les ministres ont montré leur volonté de trouver des solutions européennes, les pays des Balkans et d'Europe centrale ne semblent pas près de changer de trajectoire en poursuivant leur politique de filtrage des migrants.

Les frontières se referment ainsi inexorablement pour les candidats à l'asile en Europe, avec l'instauration de nouveaux quotas dans les Balkans (580 migrants en transit par jour, pas plus) qui vont piéger en Grèce un nombre croissant d'entre eux et creuser les divisions européennes au risque d'un «désastre».

Ces restrictions unilatérales ont été désavouées tant par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon que par la Commission européenne.

M. Ban a souligné que les quotas «ne sont pas conformes» à la Convention de 1951 sur les réfugiés. Et dans un avis juridique, la Commission a jugé illégal le fait pour un pays de l'UE d'établir des quotas de demandeurs d'asile.

En quête d'un rapprochement de plus en plus hypothétique des Vingt-huit sur cette question, le président du Conseil européen Donald Tusk se rendra la semaine prochaine à Vienne, Ljubljana, Zagreb, Skopje et Athènes avant un sommet UE-Turquie le 7 mars.

Le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, a prévenu que l'Europe irait «au désastre» s'il n'y avait pas «de convergence et une compréhension» lors de ce sommet à Bruxelles.

La Grèce en première ligne

La détermination de Vienne à contenir les demandeurs d'asile en deçà des frontières grecques s'est traduite par une nouvelle passe d'arme diplomatique avec Athènes.

Hier, la Grèce a refusé de recevoir la ministre autrichienne de l'Intérieur, Johanna Mikl-Leitner, après avoir rappelé à Athènes son ambassadrice à Vienne. Mercredi, les pays des Balkans et l'Autriche avaient tenu une réunion sur la crise migratoire, à laquelle la Grèce n'était pas associée.

L'Autriche nous traite comme des ennemis», s'est exclamé le ministre grec Yannis Mouzalas devant ses homologues.

En première ligne face à la vague migratoire sans précédent, la Grèce se sent en effet de plus en plus livrée à elle-même. Depuis début janvier, 102 000 migrants y ont ainsi débarqué.

Si la Grèce semble dépassée, les autres états membres sont quant à eux de plus en plus inquiets face à l'arrivée toujours plus massive d'exilés.

En Hongrie, Slovaquie, Pologne, et République tchèque s'opposent toujours au système des quotas exigé par la Commission européenne. En Europe, seule la chancelière allemande Angela Merkel continue à prôner l'accueil des réfugiés. Mais les événements de Cologne ont considérablement affaibli sa position en Allemagne. Sans compter qu'hier, le gouvernement allemand a reconnu que les autorités ne savaient pas où se trouvent 13 % du million de migrants enregistrés en 2015, soit 130 000 personnes perdues de vue.

27/02/2016 : Benoît Rouzaud

Source : ladepeche.fr

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