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GB: David Cameron rattrapé par ses promesses sur l'immigration

Les milieux d'affaires britanniques se mobilisent pour obliger le gouvernement à revoir ses promesses électorales sur l'immigration, jugeant dangereuse pour l'économie l'instauration de quotas, qui inquiètent aussi scientifiques et universitaires.

Dans un pays frappé par la crise et un taux de chômage proche de 8%, un record depuis une quinzaine d'années, le conservateur David Cameron avait proclamé durant sa campagne un objectif ambitieux: faire chuter d'ici 2015 le chiffre net d'immigrants hors Union européenne de 196.000 par an à "quelques dizaines de milliers".

Six mois après son arrivée au pouvoir, le Premier ministre est rattrapé par sa promesse alors que son gouvernement précise mardi comment il compte s'y prendre.

Le monde des entreprises a été le premier à monter au créneau, en s'alarmant que les nouvelles règles puissent s'imposer aux cadres dirigeants et aux travailleurs hautement qualifiés comme aux autres.

Chaque société doit déjà faire face, à titre provisoire, à un quota individuel de visas fixé jusqu'en avril. Source d'inquiétude supplémentaire, les mutations en Grande-Bretagne au sein des multinationales sont soumises à ce nouveau régime.

Les milieux économiques multiplient les mises en garde avec une menace choc, déjà utilisée par les banques cherchant à échapper à une régulation trop sévère sur les bonus: si les entraves se multiplient, les multinationales vont fuir le Royaume-Uni et tout le pays en fera les frais.

Le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell a prévenu, parmi d'autres, que "toute restriction aux mouvements internes à la compagnie conduira à une relocalisation de certains projets aux Pays-Bas ou aux Etats-Unis".

Le Japon a fait savoir, par l'intermédiaire de son ambassade à Londres, que le maintien de tels quotas "forcerait les compagnies japonaises à réduire leurs investissements ou à se retirer".

"Le gouvernement fait face désormais à un choix amer: mettre en oeuvre une politique qu'il sait dommageable pour le pays ou renoncer à une promesse clé pour son électorat", a résumé un influent centre de réflexion, l'Institute for Public Policy Research.

M. Cameron doit aussi ménager son ministre du Commerce Vince Cable, membre libéral-démocrate de la coalition au pouvoir, qui a pris fait et cause pour les entreprises et étrillé la politique d'immigration des conservateurs.

Un organisme officiel, le Comité consultatif sur la migration (MAC), a suggéré la semaine dernière au gouvernement de diminuer d'entre 13% et 25% l'an prochain les visas accordés aux travailleurs non européens. Ce qui ferait porter la majorité de l'effort sur les visas d'étudiants hors UE, dont le nombre pourrait baisser des deux tiers.

L'émoi a alors gagné le monde universitaire, qui verrait se tarir une source considérable de financement: le budget de certains établissements, comme la célèbre London School of Economics, dépend largement des frais de scolarité payés par des étudiants étrangers non européens.

Les inquiétudes sont largement relayées par les scientifiques, certains laboratoires se plaignant déjà ne plus pouvoir faire venir certains chercheurs, notamment d'Asie.

Le mois dernier, huit prix Nobel britanniques ou travaillant au Royaume-Uni avaient joint leurs voix au concert de protestations.

Dans une lettre ouverte, ils ont déploré que le pays puisse se priver des "jeunes talents les plus brillants" et mette en péril sa réputation d'excellence scientifique. En s'indignant, en outre, que le gouvernement n'ait exempté à ce jour de quotas qu'une seule catégorie professionnelle: les footballeurs de la Premier League.

Source : AFP

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