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France : le débat sur l’Islam est de trop

A l’heure où les Français de culture arabo-musulmane vivent en symbiose l’élan démocratique qui se répand dans le monde arabe, leur pays d’adoption, la France ne va pas bien. Un climat politique malsain règne sur fond de crise politique et perte de valeurs.

Le pays des droits de l’homme se raidit, à l’image d’une Europe qui se replie sur elle-même et où l’extrême droite connait partout une poussée.  Au sommet de l’Etat,  une course est engagée derrière celle-ci. En voulant, le 5 avril prochain, un nouveau débat sur l’islam relooké en « débat sur la laïcité », Nicolas Sarkozy et sa majorité jouent avec le feu. Après le honteux « débat sur l’identité nationale » en 2010, un autre épisode s’ouvre avec  ce qui est qualifié par de nombreux observateurs de  «  débat de trop ».  Celui qui, une fois encore, menace la cohésion nationale et pèse sur le devenir de la République.

Les thèmes de l’immigration, l’insécurité, les violences, l’islam, l’intégrisme se télescopent dans les discours des politiques. Les médias suivent la vague. Les Français nourrissent de plus en plus de méfiance, voire, de peur envers des millions de leurs concitoyens de sensibilité arabo-musulmane. Marine Le Pen peut jubiler, son nom reste en haut de l'affiche. La présidente du Front National vient d’enregistrer une forte avancée électorale lors des cantonales du mois de mars. Tous les sondages la donnent présente au second tour de la présidentielle de 2012.

Un ministre de l’Intérieur critiqué

Il ne se passe pas un jour sans qu’un dirigeant de la majorité ne rajoute un grain au moulin de l’intolérable. Le nouvel homme fort de la place Beauvau, Claude Guéant, chasse encore sur les terres du Front national. Il persiste et signe, continuant à jouer le rôle de rabatteur des voix du Front National. Il affirmait récemment que "les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux", ou "de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale." Puis, il a rajoutant, surenchérissant : "J'ai dit que les Français souhaitent que la France reste la France. Je m'étonne que l'on puisse contester ce constat », provoquant l'ire de l'opposition.

Trop, c’est trop ! Face à cette situation, le magazine « Respect Mag » vient de lancer sur son site web un appel signé par diverses personnalités.  « Dans un climat de forte poussée de l'extrême droite, après le fiasco du débat sur l'identité nationale qui a libéré la parole raciste, nous estimons ce nouveau débat biaisé, stigmatisant et susceptible de mettre en péril une cohésion sociale déjà largement mise à mal par la politique actuelle, parce que nous refusons d'être des boucs émissaires, victimes de stratégies électoralistes pernicieuses », peut-on lire dans ce texte qui demande  « au gouvernement de renoncer à ce débat ».

Le pays des droits de l’homme se raidit, à l’image d’une Europe qui se replie sur elle-même et où l’extrême droite connait partout une poussée.  Au sommet de l’Etat,  une course est engagée derrière celle-ci. En voulant, le 5 avril prochain, un nouveau débat sur l’islam relooké en « débat sur la laïcité », Nicolas Sarkozy et sa majorité jouent avec le feu. Après le honteux « débat sur l’identité nationale » en 2010, un autre épisode s’ouvre avec  ce qui est qualifié par de nombreux observateurs de  «  débat de trop ».  Celui qui, une fois encore, menace la cohésion nationale et pèse sur le devenir de la République.

Les thèmes de l’immigration, l’insécurité, les violences, l’islam, l’intégrisme se télescopent dans les discours des politiques. Les médias suivent la vague. Les Français nourrissent de plus en plus de méfiance, voire, de peur envers des millions de leurs concitoyens de sensibilité arabo-musulmane. Marine Le Pen peut jubiler, son nom reste en haut de l'affiche. La présidente du Front National vient d’enregistrer une forte avancée électorale lors des cantonales du mois de mars. Tous les sondages la donnent présente au second tour de la présidentielle de 2012.

Un ministre de l’Intérieur critiqué

Il ne se passe pas un jour sans qu’un dirigeant de la majorité ne rajoute un grain au moulin de l’intolérable. Le nouvel homme fort de la place Beauvau, Claude Guéant, chasse encore sur les terres du Front national. Il persiste et signe, continuant à jouer le rôle de rabatteur des voix du Front National. Il affirmait récemment que "les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux", ou "de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale." Puis, il a rajoutant, surenchérissant : "J'ai dit que les Français souhaitent que la France reste la France. Je m'étonne que l'on puisse contester ce constat », provoquant l'ire de l'opposition.

Trop, c’est trop ! Face à cette situation, le magazine « Respect Mag » vient de lancer sur son site web un appel signé par diverses personnalités.  « Dans un climat de forte poussée de l'extrême droite, après le fiasco du débat sur l'identité nationale qui a libéré la parole raciste, nous estimons ce nouveau débat biaisé, stigmatisant et susceptible de mettre en péril une cohésion sociale déjà largement mise à mal par la politique actuelle, parce que nous refusons d'être des boucs émissaires, victimes de stratégies électoralistes pernicieuses », peut-on lire dans ce texte qui demande  « au gouvernement de renoncer à ce débat ».

Indignation des représentants des cultes

En pleines élections cantonales et dans la perspective des  élections de 2012 qui se préparent, les représentants des cultes lèvent le ton pour dénoncer  ce climat, refusant la stigmatisation de des millions de Français.  Le débat sur la laïcité ne rassure pas le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). Son président, Mohammed Moussaoui, s’alarme dans une déclaration  sur  les éventuels dérapages : « Il faut rappeler d’abord qu’il s’agissait au départ d’un débat sur l’islam. Il a été transformé, finalement, en débat sur la laïcité. Et il ne fait aucun doute que, compte tenu des premières déclarations, ce débat va se focaliser essentiellement sur l’islam. Cela inquiète les musulmans de France, car ils considèrent que c’est encore un débat qui risque de les stigmatiser. Notre inquiétude est d’autant plus justifiée que le débat sur l’identité nationale avait donné lieu à de nombreux dérapages. Nous souhaitons donc, comme nombre de concitoyens, de responsables politiques et religieux, son annulation tout en rappelant que les musulmans de France ont toujours exprimé leur attachement au principe de la laïcité, lequel principe vise deux objectifs que sont d’une part la liberté de conscience et le libre exercice des cultes et d’autre part l’égalité de tous les citoyens devant la Loi, indépendamment de leurs convictions religieuses ou philosophiques »

Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, a, de son côté, estimé « qu'il était de plus en plus difficile d'être musulman en France dans un "climat malsain ». Récemment, il rajoutait  que « quand une société en est à chercher des boucs émissaires, c'est qu'elle est très malade".

Le Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne (GAIC) qui contribue au développement d’une meilleure connaissance mutuelle et à la promotion de la culture du dialogue au service de la justice et de la paix, a tenu à nous exprimer «  son inquiétude et son désaccord sur la tournure prise, à l’approche d’échéances électorales de portée nationale, par les débats sur l’islam. Les thèmes de l’islam, de la laïcité, de l’intégration et de la sécurité sont dangereusement confondus. Les musulmans français sont exposés à être considérés comme des citoyens à part qui devraient avoir à prouver leur volonté d’adhésion au pacte social et aux valeurs de la République ».

Ester Ben Bassa dénonce la peur

Pour sa part, l’universitaire Ester Ben Bassa, spécialiste de l'histoire du judaïsme en Europe et en terre d'Islam et proche du mouvement « Europe Ecologie, les Verts », a qui nous avons demandé de nous livrer son sentiment sur le climat politique actuel en France, nous a dit ceci : « Il ne faut pas voir l’islam comme une menace. En France, nous avons une grille de lecture qui s’inspire  de la thèse du choc des civilisations. J’appelle les acteurs politiques à repenser notre démocratie. Qu’on soit noir, blanc, musulman, juif ou chrétien, nous vivons ensemble dans une même société. Nous voulons  une société qui respecte ses citoyens et toutes les convictions qu’elles soient religieuses, spirituelles ou  culturelles. Aujourd’hui, il ne faut pas tomber dans ce piège de la peur, de la crainte de l’autre. La démocratie doit donner sa chance à tous.  Ceux qui veulent bâtir un programme  sur la peur de l’islam, je leur dis que ceci n’est pas un programme politique. Une société qui attise les peurs n’est pas une société démocratique. La France, le pays des droits de l’homme doit se ressaisir et renaitre en conformité avec ses valeurs. Le devoir de la République, c’est protéger ses citoyens de l’intolérance, de la xénophobie et du racisme »

28/3/2011, Fouzia Benyoub

Source : Portai des Marocains du monde

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