picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Nouzha Chekrouni, ambassadeur du Maroc au Canada : «Nous négocions avec le Canada pour l'équivalence des diplômes»

L'immigration marocaine au Canada dans ses deux composantes juive et musulmane constitue un véritable pont entre le Maroc et le Canada. Cette communauté s'évalue à près de 100.000 Marocains, dont 80% vivent dans la province du Québec.

LE MATIN : Comment évaluez-vous les relations bilatérales entre le Maroc et le Canada ?

NOUZHA CHEKROUNI : Il y a un capital d'amitié entre le Royaume du Maroc et le Canada ainsi que des échanges et des relations très cordiales. Aujourd'hui, nous ambitionnons de hisser le niveau des relations à un autre palier pour en faire un partenariat stratégique et je pense que la visite en janvier dernier de Stephen Harper, Premier ministre canadien pour lancer avec le Premier ministre marocain Abbas El Fassi les négociations pour un accord de libre-échange témoigne de cette volonté bilatérale d'aller de l'avant. L'accord de libre-échange va ouvrir l'opportunité à des relations plus fortes. Dans ce cadre, j'ai initié des relations avec les provinces canadiennes, notamment Ontario et Toronto qui est la capitale économique du Canada. Des délégations d'hommes d'affaires marocains viennent aussi ici dans ce but.

Donc il y a une dynamique qui est en train de s'installer aussi avec les provinces canadiennes notamment l'Alberta, le Saskatchewan et bien sûr le Québec qui reste un partenaire privilégié.

Est-ce vrai que cet accord serait plus avantageux pour le Canada que pour le Maroc?

Les termes de cet accord n'ont pas encore été décidés donc il nous revient d'en faire un accord qui nous apporte beaucoup de choses et on peut éventuellement concevoir un accord mutuellement bénéfique pour les deux parties. On est en train d'évaluer de façon anticipée l'accord avec le Canada à la lumière de l'accord avec les Etats-Unis, mais il faut savoir que ce sont deux marchés totalement différents. D'abord le marché canadien est un marché de 32 millions de personnes, donc il est tout à fait abordable pour nous au niveau de la dimension humaine.

Il y a aussi un travail de développement qui se fait au niveau interne qui nous permettra d'être à la hauteur de nos engagements. Nous avons un potentiel extraordinaire et nous pouvons le fructifier dans ce cadre d'échange.

Evidemment il y a une consultation qui se fait avec le secteur privé, des rencontres ont été organisées avec la CGEM. C'est tout un processus qui est en train de se faire au Maroc puisqu'il y a les consultations avec les hommes d'affaire et les ONG. Je suis certaine qu'avec la participation de tous nous allons aboutir à une solution qui nous permettrait d'être véritablement gagnant-gagnant.

Comment se porte la communauté marocaine au Canada ?

L'immigration marocaine au Canada dans ses deux composantes juive et musulmane constitue un véritable pont entre le Maroc et le Canada. Cette communauté s'évalue à près de 100.000 Marocains qui résident ici dont 80% dans la province du Québec.

C'est une immigration de très grande qualité, très appréciée qui s'intègre mais qui connaît des problèmes.

Si notre immigration regorge de compétences il n'en reste pas moins que le taux de chômage parmi les rangs des Maghrébins s'élève parfois jusqu'à 24%.

Dans ce cadre, j'ai entrepris une initiative depuis l'année dernière où une piste de réflexion a été mise en place avec le ministère de l'Immigration pour la reconnaissance des diplômes et des expériences professionnelles. Il y a une volonté d'explorer avec nous les pistes de reconnaissance. Le travail a déjà commencé et je pense qu'avec le gouvernement du Québec on va parvenir à de bons résultats.

Où en êtes-vous actuellement dans cette procédure d'équivalence?

On a commencé les négociations, nous avons tenu une rencontre avec les responsables du gouvernement, de la mairie, de la commune, l'ONG qui s'occupe au niveau de Montréal des projets de l'intégration. Le directeur du ministère chargé de l'Immigration et le ministère de l'Emploi ont annoncé officiellement leur volonté à continuer avec nous les négociations.

Nous avons fixé une deuxième rencontre qui malheureusement a été reportée, nous attendons la prochaine date parce que nous sommes en période des élections et nous allons reprendre les négociations prochainement.

Je suis optimiste parce que si le capital humain n'est pas utilisé à sa juste valeur personne ne serait gagnant.

Quels sont les plus grands handicaps que rencontre la communauté marocaine au Canada ?

En plus de la reconnaissance des diplômes, le Canada est un pays ouvert et les Marocains s'y retrouvent facilement. Les Canadiens sont imprégnés de cette ouverture multiculturelle mais il faudrait que de notre côté nous puissions faire le pas pour s'inscrire dans le développement culturel et politique. Une intégration se fait à deux.

Par Propos recueillis par Nadia Ouiddar 

18/5/2011

Source : Le Matin

Google+ Google+