vendredi 1 novembre 2024 00:52

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La politique migratoire en Europe assigne les plus pauvres du monde à résidence

Nous dénonçons, depuis des années, la politique migratoire en Europe. Inhumaine : Fortress Europe enregistre 17 317 décès documentés depuis 1988 parmi ceux qui risquent leur vie pour atteindre l’Europe. Néocoloniale : seuls les pays riches auraient le droit de choisir qui a le droit à migrer. Criminelle : on considère désormais les migrants illégaux comme des ennemis à qui il faut faire la guerre.

Puisqu’on parle de guerre, renversons la proposition. Je tiens ici à saluer l’initiative du Gisti (Groupe d'information et de soutien des immigrés) qui va déposer plainte contre l’Otan, l’Union européenne et les pays de la coalition en opération en Libye. Voici quelques extraits de son communiqué : « De ces naufrages, des épaves transformées en cercueils flottants d’hommes, de femmes et d’enfants morts d’épuisement, de faim et de soif après de longues dérives en mer, l’opinion a pris l’habitude. Elle a pu croire à leur caractère inéluctable… Mais la donne a changé depuis qu’une coalition internationale et les forces de l’Otan interviennent en Libye. Aujourd’hui, Awacs, drones, avions, hélicoptères, radars et bâtiments de guerre surveillent tout ce qui bouge en Méditerranée. Ils ne peuvent pas ne pas voir les bateaux des exilés originaires d’Afrique subsaharienne qui cherchent à fuir la Libye. Ils ne peuvent pas ne pas voir lorsque, de Tunisie, du Maroc ou d’Algérie, des jeunes sans espoir s’entassent dans une embarcation fragile pour gagner l’Italie ou l’Espagne. En n’intervenant pas, ils se rendent coupables de non-assistance à personne en danger. Ceci ne peut rester impuni. »

La gauche aura-t-elle le courage de réviser complètement ces politiques ? Ces drames ne sont pas des dérives d’une politique qu’on pourrait humaniser à la marge. Elle les contient dans son principe, en réservant le droit à la mobilité aux pays riches et en assignant le reste du monde à résidence pour offrir des bas salaires aux multinationales. La guerre aux pauvres n’a pas de frontières.

Par Maryse Tripier : Professeure émérite de sociologie à l'université Paris-Diderot

5/6/2011

Source : l’humanité

 

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