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Un ancien mineur marocain en France fait chevalier de l'ordre national de la légion d'honneur

M. Abdellah Semate, ancien mineur marocain en France et président fondateur de l'Association des Mineurs Marocains du Nord-Pas-de-Calais (AMMN) a reçu, samedi, les insignes de chevalier de l'ordre national de la légion d'honneur française.

M. Samate avait été nommé en janvier dernier à ce grade de la plus prestigieuse décoration française, au sein de la promotion de grands noms, tels Mme Simone Veil, ancienne ministre et ancienne présidente du Parlement européen et le footballeur Zinedine Zidane.

Cette décoration lui avait été décernée en reconnaissance de son rôle associatif dans la défense des droits des mineurs marocains dans cette région du nord de la France.

La cérémonie de remise des insignes s'est déroulée à Aniche (Nord de la France) en présence de MM. Jean-Michel Belorgey, Conseiller d'Etat, Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), Jean-Michel Bérard, Préfet de la région Nord-Pas-de-Calais, Abdelghani Baki et Mohamed Souna, Vices-Consul du Maroc à Lille, et du maire d'Aniche.

Y ont également pris part, plus de 200 personnes dont une grande majorité de défenseurs de l'immigration en France, des membres de la famille de M. Semate et ses compagnons de combat pour les droits de mineurs.

En remettant les insignes de la légion d'honneur à M. Semate, le Conseiller d'Etat Belorgey a insisté qu'il n'a jamais oublié ce que le Maroc a fait pour la région Nord-Pas-de-Calais, lorsque celle-ci avait besoin de main d'oeuvre.

Il a fait part de la reconnaissance de la France à l'apport des Marocains à la défense de son pays et à son essor économique durant les 50 années glorieuses.

En tant qu'ancien résistant, M. Belorgey n'a jamais oublié cet acte courageux de Feu SM Mohammed V qui, en plein deuxième guerre mondiale, a refusé la déportation des juifs marocains.

Il est normal, a-t-il estimé, que la République française reconnaisse le combat de M. Abdellah Semate qui, d'un simple mineur venu de la région d'Agadir, a pu organiser la communauté des mineurs marocains pour la défense de leurs droits en vue de s'assurer les conditions d'une vie digne pour eux et leurs familles, malgré la pression qu'il a subie.

Pour sa part, M. El Yazami a offert une livre sur l'histoire de "Cent ans de l'immigration maghrébine en France".

Il a rappelé que SM le Roi Mohammed VI a mis en place le CCME en tant qu'instance consultative sur les questions de l'immigration.

M. Semate, a-t-il ajouté, fait partie de ces trois millions de Marocains qui participent à l'essor de leur pays d'installation et à l'appui du développement économique du Maroc, même dans les régions les plus reculées dont ils sont originaires, mais qui participent aussi par leur combat syndical et associatif à l'avancement de l'Etat de droit au Maroc.

Prenant la parole, M. Semate a remercié les représentants du Maroc et de la France pour leur reconnaissance, soulignant que c'est un honneur pour lui de porter cette double appartenance.

Il a ajouté qu'il dédie cette décoration à tous ceux et celles qui militent au quotidien pour l'amélioration des conditions de vie des personnes les plus marginalisées.

M. Semate a, par ailleurs, dit avoir une pensée particulière pour tous les mineurs marocains du Nord/Pas de Calais qui ont été obligés à repartir dans leur village d'origine, sans aucune couverture sociale. Il les a assurés qu'il continuera à militer jusqu'à ce qu'ils puissent jouirent des mêmes droits que leurs anciens collègues restés en France.

A la fin de cette cérémonie, les membres fondateurs de l'AMMN ont offert un bouquet de fleurs et des cadeaux à l'épouse de M. Semate, Zahoua, reconnaissant à travers elle le rôle des femmes des mineurs marocains dans l'éducation des enfants.

L'histoire des mineurs marocains, près de 8.000 dans la région Nord-Pas-de -Calais, remonte aux années 1970. Les charbonnages avaient besoin de renouveler leur main d'œuvre, c'est ainsi que des centaines de jeunes marocains ont été recrutés pour venir y travailler. Mais à l'heure des fermetures des mines, leur employeur, les Houillères du Nord ne leur réserve pas le même traitement que les européens.

Comme ils ne sont ni Français ni ressortissants de l'Union européenne, les Marocains, en majorité du Sud, étaient privés de la possibilité de convertir leurs avantages en nature (logement, chauffage) ou en capital qui était versé en une fois.

Abdellah Semate, l'un d'eux qui a fondé l'AMMN, se bat depuis 1989 pour mettre fin à cette injustice. En 2007, il obtient de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (HALDE) une conclusion qui exige de l'Agence nationale pour la garantie des droits des mineurs (ANGDM- autorité qui a pris le relais des Houillères), de faire cesser cette discrimination.

La mesure prise l'ANGDM, étant insatisfaisante, l'Association de M. Semate a décidé de porter l'affaire devant le Conseil de prud'hommes de Douai (Nord), une juridiction de premier degré compétente pour statuer sur des litiges entre les salariés et leur employeur. L'Affaire suit son cours.

Source : MAP

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