Le Parti socialiste s'est engagé dans une réflexion salutaire sur le thème de l'"égalité réelle". L'intitulé même de sa nouvelle convention dénote une volonté de dépasser une conception purement formelle et abstraite de l'égalité, symbole du "modèle républicain". Ce dernier, il est vrai, offre de moins en moins de garanties contre les inégalités frappant les individus dans l'accès à l'emploi, au logement, aux services publics, aux loisirs, etc.

Or cette fracture sociale induit une fracture politique. La hiérarchisation de la société n'épargne pas la cité, ni sa figure centrale : le citoyen. Non seulement les inégalités et autres discriminations sont à l'origine d'une citoyenneté à plusieurs vitesses, mais la ségrégation politique se concentre sur les mêmes catégories de citoyens, des femmes et des hommes issus en particulier des classes populaires et des "minorités visibles". Ces citoyens de droit sont l'objet d'une "double peine" de fait : socio-économique et politique.

Si la consécration du suffrage universel a transformé les modalités de la représentation politique, notre démocratie reste marquée par l'inégalité d'accès aux fonctions politiques électives. Une conditionnalité de fait permet de sélectionner les citoyens en fonction du milieu social, de l'origine ethnique et du sexe. Le poids de ces variables sociologiques fait basculer l'égalité juridique des citoyens en fiction réelle.

Ainsi, au regard de la composition de l'Assemblée nationale et du Sénat, le modèle type du représentant de la nation en ce début de XXIe siècle est toujours incarné par l'homme blanc, de plus de 55 ans, appartenant aux couches sociales supérieures. Si cet archétype de l'élite républicaine est élu par le peuple souverain, il est également le produit d'un processus de sélection qui relève plus de l'auto-reproduction sociale que de l'égalité des chances.

D'après les données statistiques fournies par l'Observatoire des inégalités, à peine 6 % des députés proviennent du rang des employés et des ouvriers, alors qu'ils représentent plus de la moitié de la population active. A l'inverse, les trois quarts des députés sont cadres ou exercent des professions libérales ou intellectuelles supérieures. Outre le soutien d'une structure partisane, le candidat est confronté à sa propre capacité à mobiliser des moyens importants en termes de capital économique, social et culturel. Ensuite, si l'article premier de la Constitution dispose que "la loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives", ce principe de la parité n'a permis qu'une progression limitée du nombre de femmes élues au sein de la représentation nationale : près de 22 % de femmes au Sénat et 18,5 % à l'Assemblée nationale.

Les partis politiques français sont encore loin de jouer le jeu de la loi sur la parité qu'ils ont pourtant votée de manière consensuelle. La parité est encore perçue comme une contrainte qui amène les partis à privilégier une approche par trop quantitative. Ainsi, la plupart des candidates ont été investies sur des circonscriptions particulièrement difficiles à remporter. On peut néanmoins observer une féminisation des groupes parlementaires plus prononcée à gauche qu'à droite. Le leadership politique s'est lui-même féminisé dans les partis de gauche.

Enfin, la discrimination négative dont sont victimes les minorités "visibles" ne se limite pas à la seule vie économique et sociale. Le fait d'être visiblement issu d'un segment particulier de la société semble être une source d'illégitimité ou d'incapacité politique. Dès qu'il s'agit d'assurer une fonction exécutive locale ou un mandat de représentation nationale, une forme de ségrégation implicite et implacable s'abat sur nos concitoyen(ne)s noir(e)s, arabes ou asiatiques. Aussi, la promotion de certaines figures ne doit pas relever du seul fait du prince.

Les symboles deviennent parfois des contre-exemples. Les nominations médiatiques dans le premier gouvernement Sarkozy de femmes issues des minorités visibles se sont avérées préjudiciables, tant l'instrumentalisation de leur dimension symbolique a pris le pas sur d'autres sources de légitimité : la "capacité", la "vertu" et le "talent" pour reprendre les termes de l'article 6 (sur l'égalité) de la Déclaration de 1789.

L'homogénéité pathologique qui continue de sévir à l'Assemblée nationale et au Sénat est justifiée par un discours fondé sur les lois de la démocratie et de la République. Un discours qui charrie en réalité un conservatisme garant d'une consanguinité malsaine par définition. Non seulement les diverses sources d'inégalités à l'accès aux fonctions électives se conjuguent, mais le renouvellement des "élites élues" s'inscrit dans une problématique plus générale. Le système scolaire ne semble plus en mesure de pallier ces inégalités de conditions ou de moyens.

Dans son rapport 2010 remis le 1er octobre au chef de l'Etat, le Haut Conseil de l'éducation estime que "le collège se révèle incapable de réduire la grande difficulté scolaire, (...) de compenser les disparités sociales". Autrement dit, l'école de la République n'est plus à même de répondre à ses fonctions ontologiques : former des citoyens suffisamment instruits pour bénéficier de "l'ascenseur social" et exercer pleinement leurs droits civiques. Pis, elle s'est progressivement transformée en une machine de reproduction et d'immobilité sociales, qui contribue in fine au non-renouvellement de la classe politique.

La "diversification" et le renouvellement générationnel du personnel politique passent par l'adoption de deux mesures complémentaires : l'interdiction du cumul des mandats (en nombre et dans le temps) et l'introduction d'une dose de proportionnelle pour les élections législatives. Toutefois, l'ouverture ainsi escomptée ne pourra se faire contre mais avec les partis politiques, qui doivent se départir de leur conservatisme pour mieux assumer et incarner le pluralisme de la société. Une telle prise de conscience doit se traduire en actes au moment stratégique des procédures d'investiture. Cette responsabilisation des partis doit être accompagnée, non pas d'un dispositif juridiquement contraignant, mais d'un engagement volontaire.

Celui-ci suffira à mettre en lumière les partis prêts à jouer le jeu de l'ouverture à la société réelle et ceux qui préféreront continuer à cultiver un entre soi qui relève plus des mœurs aristocratiques que de l'esprit de la République. Afin de mesurer l'évolution des mœurs partisanes, il est possible de transposer le modèle de la charte de la diversité - qui s'adresse aux entreprises - aux partis politiques, qui seraient ainsi tenus de remettre un rapport à la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) avant et après chaque élection des députés et sénateurs. Sources de transparence, ces deux documents dresseraient le bilan des pratiques (candidats désignés) et des résultats (candidats élus) des partis, afin de les mettre face à leurs responsabilités respectives en matière de représentativité de la société.

Si la ségrégation sociale et territoriale se double d'une ségrégation politique, la mise en cause de la fiction de l'égalité des citoyens ne saurait justifier l'institution d'une représentation politique "miroir" d'une société fragmentée en diverses communautés d'intérêts. Il n'empêche, la déconstruction de certains mythes est un préalable à la reconstruction de l'idéal républicain.

09.11.10

Source : Le Monde

Les 25 pays de l'espace Schengen ouvrent leur territoire aux Albanais et aux Bosniens, mais peuvent suspendre cette mesure en cas de problèmes.

Les pays de l'UE ont donné lundi leur accord pour lever l'obligation de visas pour les Albanais et les Bosniens dans les 25 pays de l'espace Schengen à la mi-décembre, mais avec la "possibilité de suspendre" cette mesure "en cas de problèmes", a annoncé la présidence belge de l'UE. La décision a été votée "à l'unanimité" lors d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE à Bruxelles, a souligné le secrétaire d'Etat belge à l'Asile et à l'Immigration Melchior Wathelet. Elle entrera en vigueur "à la mi-décembre" pour les titulaires de passeports biométriques exclusivement, a-t-il précisé. "C'est un jour historique pour l'Albanie et la Bosnie", a commenté la commissaire en charge de la Sécurité Cécilia Malmström. L'accord a toutefois été conditionné à la possibilité de "suspendre rapidement" cette mesure en cas de problèmes, a-t-on toutefois précisé de sources diplomatiques.

Cette disposition a été inscrite à la demande de la France, de l'Allemagne et des Pays-Bas pour éviter les problèmes rencontrés avec la Serbie et la Macédoine et "elle vaut pour tous les pays de la zone". Une déclaration précise qu'une "concertation d'urgence est prévue afin que l'UE et ses Etats membres puissent réagir si des difficultés particulières survenaient quant aux flux de personnes en provenance des Balkans occidentaux".

Lorsque l'UE a levé l'obligation de visas pour la Serbie et la Macédoine en décembre 2009, plusieurs pays de l'UE -Allemagne, Belgique, Suède, Pays-Bas- ont ainsi eu la mauvaise surprise de devoir gérer un afflux de ressortissants serbes et macédoniens venus demander l'asile politique, pour l'essentiel des Roms et des membres de minorités albanophones. La Commission cherche à minimiser la portée des conditions exigées par certains pays. "Ce sera en dernier ressort", a souligné l'entourage de Mme Malsmtröm. La possibilité de réinstaurer l'obligation de visa en cas de problèmes n'était pas prévue jusqu'à présent et la décision des ministres marque un durcissement de l'UE.

Cecilia Malmström a reconnu les préoccupations provoquées par l'afflux de demandeurs d'asile des pays des Balkans bénéficiaires de la levée de visa et a demandé aux autorités bosniennes et albanaises de prendre les mesures nécessaires pour éviter ce phénomène. Les gouvernements européens ont demandé à la Commission d'assurer un suivi des réformes que les pays bénéficiaires de la levée des visas doivent mettre en œuvre et ne pas se contenter de déclarations d'intention. "L'accès à l'espace Schengen dépend des progrès réalisés dans la mise en œuvre de réformes majeures dans des domaines tels que le renforcement de l'Etat de droit, la lutte contre la criminalité organisée, la corruption et les migrations clandestines, le renforcement des capacités administratives en matière de contrôle des frontières et de sécurité des documents", rappelle la déclaration des ministres.

La stratégie du Danube

L'UE soutient l'adoption d'une stratégie pour le Danube afin de réduire les écarts de prospérité entre les pays riverains du second fleuve d'Europe, a déclaré lundi le président de la Commission européenne José Manuel Barroso lors d'un sommet sur le Danube à Bucarest.

«De nombreux progrès ont été accomplis mais des disparités importantes subsistent», a déclaré M. Barroso devant les délégations des 14 pays riverains du Danube. L'un des buts de cette stratégie, qui doit être adoptée par les pays de l'UE en 2011, est d'»accélérer les progrès visant à surmonter ces disparités et à maximiser les bénéfices de la coopération», a-t-il ajouté.
Le bassin du Danube, qui compte 115 millions d'habitants et occupe 20% du territoire de l'UE, souffre de grands écarts entre les zones figurant parmi les plus pauvres de l'UE (en Bulgarie et en Roumanie) et les plus riches (en Allemagne et Autriche).

Source : Le Matin

L'artiste peintre et cinéaste marocain, André El Baz, propose une exposition inédite de ses ouvres à la Villa des Arts de Rabat, inaugurée, mardi soir, et ouverte aux visiteurs jusqu'au 30 décembre prochain.

Organisée par la Fondation ONA et le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), elle consiste en une rétrospective des ouvres de l'artiste qui dévoile, pour la première fois, plus de 250 ouvres, fruit de plus d'un demi-siècle de peinture.

L'exposition retrace le parcours de l'artiste depuis ses travaux de jeunesse jusqu'à ses ouvres de maturité, tandis que pour celle montée à Casablanca (2 novembre-30 décembre) les travaux à base de fibre végétale ont une place prépondérante.

Cette rétrospective est accompagnée par la présentation du livre ''Tu en verras de toutes les couleurs. Parcours d'un précurseur de la peinture contemporaine au Maroc''. Cet opuscule, édité par la Croisée des chemins, comporte le récit du vécu d'André El Baz et de ses expériences partagées avec d'autres artistes marocains.

Considéré comme un des pionniers de la peinture contemporaine marocaine, André El Baz est un artiste iconoclaste puisqu'il est connu pour sa ''manie'' de détruire ses ouvres achevées avant de leur donner une seconde vie en procédant ensuite par collage.

André El Baz est né en 1934 à El Jadida. Troisième enfant d'une famille de sept personnes, il est le premier Marocain de confession juive à exercer la peinture en professionnel.

A l'âge de vingt ans, il introduit des papiers collés dans ses ouvres graphiques.

De 1957 à 1961, El Baz s'inscrit à l'école des Beaux Arts de Paris (atelier Pierre Eugène Clairin) et s'installe à Montmartre. Il retourne au Maroc où il rejoint Farid Belkahia, pour enseigner, de 1962 à 1963, la peinture, le dessin et l'histoire de l'art à Casablanca.

La première exposition personnelle d'El Baz était un triomphe. La vigueur de son trait, la nouveauté de son monde de représentations lui valent un succès total à Oxford: il vend tout.

André El Baz voyagera beaucoup, notamment au Canada où il est représenté par deux galeries : à Montréal et à Ottawa. Un prestigieux atelier le fixe toutefois à Paris.

Source : MAP

Spécialiste de l’islam de France, Bernard Godard analyse l’apparition et les ambiguïtés du terme « islamophobie », ainsi que ses ressorts

Au tournant des années 2000, les revendications identitaires d’un Tariq Ramadan et des Jeunes musulmans, leur affirmation d’une La Croix : De quand date l’apparition du terme «islamophobie»?

Bernard Godard : Il est apparu au Royaume-Uni, dans un contexte électoraliste. En 1997, la Fondation Runnymede pour une « Grande-Bretagne multi-ethnique » a remis un rapport sur l’islamophobie qui décrit le phénomène comme « l’ensemble des positions fermées contre l’islam » – par exemple considérer que « l’islam est monolithique », ou qu’il est une «religion inférieure».

En Grande-Bretagne, l’adjectif muslim renvoie autant à la religion qu’à l’appartenance ethnique : lutter contre l’islamophobie signifie donc lutter contre des discriminations ethniques.

Et en France ?

En France, nous avons l’habitude de séparer les deux. Mais plusieurs phénomènes se sont conjugués pour imposer ce terme, utilisé désormais par les médias et même par le président de la République.

sorte de « fierté musulmane » adaptée au contexte européen ont suscité à leur encontre des accusations de « double discours ».

En réaction, Vincent Geisser, chargé de recherche au CNRS, a publié fin 2003 un essai sur La Nouvelle Islamophobie, en donnant délibérément une définition large : le terme recouvre selon lui aussi bien les attentats antimusulmans que les discriminations à l’égard des personnes d’origine musulmane (alors qu’il est difficile de déterminer si leur religion ou leur origine ethnique en est la cause).

Certains considèrent également comme islamophobe la thèse de l’historien Sylvain Gouguenheim, auteur de Aristote au Mont-Saint-Michel, selon lequel la transmission du savoir grec n’a pas pu se faire par le biais des Arabes (il nie également l’apport des chrétiens d’Orient).

Enfin, le mouvement des Indigènes de la République lui-même – censé lutter contre les discriminations à l’égard des personnes issues des anciennes colonies – opère la jonction avec l’islam : dans sa dernière campagne, il prétend lutter contre « la négrophobie et l’islamophobie ». À mon avis, le terme est devenu trop vague, et les partisans du « tout-islamophobe » n’ont rien à y gagner.

Pourquoi lui préférez-vous l’adjectif « anti-musulman » ?

La convention-cadre signée le 17 juin entre le ministère de l’intérieur et le Conseil français du culte musulman (CFCM) – consistant en la mise en œuvre d’un « suivi statistique et opérationnel des actes hostiles aux musulmans de France » – montre la volonté de ces instances de ne recenser que les délits matériellement constitués : profanations de cimetières, attaques contre des mosquées ou insultes contre des musulmans.

N’observez-vous pas la montée d’un discours hostile à l’islam?

L’islamophobie (la peur de l’islam) répond à la peur de l’islamisation de la France, autrement dit à la peur que l’islam ne soit plus seulement une religion parmi d’autres dans l’espace laïque mais une appartenance ethnique et identitaire indépassable, notamment dans certains « ghettos » en banlieue.

Ce discours, qui était celui de l’extrême droite et des militants de la laïcité, d’une part les fait se rapprocher – ce sont les « apéros saucisson-pinard » récents – et d’autre part gagne des milieux jusque-là épargnés.

En ce qui me concerne, je le considère comme exagéré. Je ne suis pas contre le discours sur les « territoires perdus de la République » mais il ne faudrait pas réduire le problème à l’islam. Jusque-là, on croyait majoritairement que les musulmans français, même s’ils venaient de pays non laïques, étaient d’abord des citoyens. Aujourd’hui, on croit moins en leur capacité à accepter notre culture, et cela même s’ils sont nés en France : cet atavisme des origines me paraît assez dangereux.

Le phénomène est donc alimenté à la fois par des facteurs internes et externes ?

Oui, tout à fait. Les revendications identitaires émanant de la classe moyenne musulmane émergente – que ce soit le voile ou la nourriture halal – irrite dans un pays qui, traditionnellement, ne veut voir qu’une seule tête. Mais celles-ci se conjuguent avec un tout autre sujet : celui des banlieues, de leur violence parfois, et de la présence, minoritaire, d’un islam radical.

Tout se passe comme si les musulmans français payaient aujourd’hui l’effort de rattrapage entamé il y a dix ans par la République pour donner une place à l’islam, via la construction de mosquées. Pourtant, il ne faut pas y voir une « islamisation » de la France mais bien un rattrapage.

Les musulmans contribuent-ils eux-mêmes à attiser ces craintes ?

Je pense qu’il serait bon, en effet, qu’on arrête par exemple la surenchère en matière de nourriture halal dans les cantines : les revendications doivent être raisonnables.

L’islam de France devrait aussi se doter d’un véritable organe législatif : il est indéniable que le refus du CFCM de se prononcer contre le voile intégral accrédite la thèse selon laquelle il est obligé de tenir compte des courants les plus extrêmes.

Il faudrait, enfin, que certains responsables musulmans cessent d’agiter le chiffon rouge de l’islamophobie à tout instant, par exemple lors de la publication de caricatures sur l’islam. Si l’on ramène toujours tout à cela, on ne peut plus parler de rien.

Comment sortir de ce cercle vicieux islamisation/islamophobie ?

Par l’éducation religieuse d’abord. Malheureusement nous sommes toujours en panne dans la sensibilisation des éducateurs à ce domaine. Mais aussi par de vraies discussions avec des musulmans qui permettront à chacun de se rendre compte que, certes, l’islam est confronté à une certaine raideur sur certains sujets – comme la transmission du Coran – mais que cela ne veut pas dire que les musulmans, depuis des siècles, ne cherchent pas à combiner leur religion avec la modernité.
Source : La Croix

Les Assises de l'interculturalité ont rendu lundi leurs conclusions, après des tables rondes et débats organisés de septembre 2009 à juin 2010.

Parmi les 68 recommandations, figure l'interdiction du port des signes convictionnels, et donc le voile islamique, dans l'enseignement jusqu'à la troisième année secondaire. A cet âge, environ 15 ans, la société considère que les adolescents doivent pouvoir prendre leurs responsabilités, rappelle le comité de pilotage de ces Assises qui ne voit dès lors pas de raison de procéder différemment s'il est question des signes convictionnels. Les recommandations n'évoquent pas en revanche le cas des enseignants si ce n'est dans le chapitre plus général relatif aux fonctionnaires. Pour ces derniers, l'interdiction n'est préconisée que s'ils sont investis d'une fonction d'autorité.

Le comité recommande également de revoir la formule actuelle des jours fériés pour tenir compte des différentes convictions religieuses ou philosophiques.

Actuellement, ce sont essentiellement des fêtes chrétiennes qui donnent lieu à un jour de congé payé. Le comité préconise de conserver le 1er janvier, le 1er mai, le 11 novembre et le 25 décembre. Chacun pourrait ensuite choisir librement deux jours flottants selon sa culture ou sa religion. Trois jours fériés nouveaux non religieux seraient enfin créés, qui célébreraient la diversité ou la lutte contre les discriminations, comme la journée des femmes ou de la diversité.

Les Assises ont aussi abordé la question de la mémoire et de l'histoire. Le comité de pilotage recommande de maintenir la loi qui réprime le négationnisme et le révisionnisme mais de supprimer la référence au génocide commis par les nazis pour permettre à la justice d'appliquer le dispositif à d'autres génocides. Il ne les désigne pas mais il évoque les massacres des Arméniens et des Tutsis rwandais.

Le comité suggère par ailleurs, sans revoir les programmes des cours, de donner une place à l'histoire de la colonisation, de relancer le projet d'un musée de l'histoire de l'immigration ou encore de revoir les noms de lieux et espaces publics qui "blessent les personnes issues des pays anciennement colonisés". A la question de savoir si Léopold II pouvait être visé, les deux co-présidentes du comité ont semblé embarrassées.Des recommandations visent également la police.

"Le sujet est revenu très régulièrement: la police, la façon dont les gens se sentent visés", a expliqué la co-présidente Marie-Claire Flobets, professeur à la KUL.Le comité préconise donc une révision de la composition du Comité P ou l'installation de caméras de surveillance dans les commissariats et les véhicules de police pour objectiver le premier entretien et établir s'il y a réellement eu un problème."La blessure du racisme est quelque chose de très sensible et de très profond", a ajouté Mme Flobets.

Les recommandations balaient un champ très large. Elles sont issues d'un travail mené avec des personnes issues de minorités, d'où leur tonalité parfois particulière. Les deux présidentes se sont toutefois défendues d'un travail qui ferait peser les obligations sur la seule majorité."Ce serait une mauvaise lecture que de lire les conclusions comme demandant beaucoup à la majorité et rien à la minorité", a souligné Mme Flobets.

Les conclusions n'ont pas évoqué la question de l'immigration en tant que telle mais celle de l'intégration. A cet égard, la présidente francophone, Christine Kulakowski, directrice du Centre Bruxellois d'Action Interculturelle (CBAI), a fait l'éloge de la politique flamande dans ce domaine.

"On invite le côté francophone à s'inspirer de l''inburgering' flamand", a-t-elle dit  (Consulter le texte intégral du rapport)

8/11/2010

Source : Lalibre.be

Les fonds envoyés par les migrants à leurs proches en Afrique subsaharienne atteindront 21,5 milliards de dollars américains cette année, malgré une légère baisse en 2009 en raison de la crise financière mondiale, selon « Remittances and Migrations Factbook 2011 » (Recueil des statistiques de 2011 de la Banque mondiale sur les migrations et les envois de fonds).

Les données indiquent que les envois de fonds en direction de l’Afrique ont chuté d’environ 4% entre 2008 et 2009 ; c’est la première fois qu’il y a une baisse d’une année à l’autre depuis 1995.

« Selon nos estimations, la reprise se poursuivra au cours des deux prochaines années ; et les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne devraient atteindre environ 24 milliards de dollars d’ici 2012 », a déclaré Dilip Ratha, Chef de l’unité Migrations et Envois de Fonds à la Banque mondiale.

M. Ratha souligne que les chiffres sur lesquels se base le rapport ne tiennent pas compte des canaux informels utilisés par des millions de migrants. Ces chiffres sont donc en-deçà des montants réels.

Dans l’ensemble, les envois de fonds à travers le monde devraient atteindre 440 milliards de dollars d’ici fin 2010, en hausse par rapport au niveau de 2009 (416 milliards). Environ les trois quarts de ces fonds, soit 325 milliards, iront aux pays en voie de développement.

La Banque mondiale estime par ailleurs que les flux vers les pays en développement devraient encore augmenter au cours des deux prochaines années et franchir la barre de 370 milliards de dollars d’ici 2012.

« Ces fonds sont une bouée de sauvetage pour des familles et des communautés entières à travers l’Afrique, surtout au lendemain de la crise financière », précise Dilip Ratha. « De par leur ampleur et du fait qu’ils sont en devises étrangères et vont directement aux ménages, ces transferts ont un impact significatif sur la réduction de la pauvreté, le financement du logement, de l’éducation, et d’autres besoins essentiels, et même sur les investissements et la création d’entreprises », a-t-il ajouté.

Il est donc essentiel de faciliter les envois de fonds et de les rendre moins coûteux. Or à l’heure actuelle, les frais d’envoi vers le continent africain s’élèvent en moyenne à 10% du montant, ce qui constitue le taux le plus élevé d’une région à l’autre du globe. Envoyer de l’argent coûte encore plus cher d’un pays à l’autre au sein du continent.

En termes de montants, le Nigeria est de loin la première destination des fonds envoyés par les migrants, recevant à lui seul 10 milliards de dollars en 2010. Ce montant représente une légère avancée par rapport à l’année précédente, où le pays avait perçu 9,6 milliards de dollars. Viennent ensuite le Soudan (3,2 milliards de dollars), le Kenya (1,8 milliard), le Sénégal (1,2 milliard), l’Afrique du Sud (1 milliard), l’Ouganda (800 millions), le Lesotho (500 millions), l’Éthiopie (387 millions), le Mali (385 millions) et le Togo (385 millions).

En termes de pourcentage du produit intérieur brut, les principaux bénéficiaires en 2009 étaient le Lesotho (25% du PIB), le Togo (10,3%), le Cap-Vert (9,1%), la Guinée-Bissau (9,1%), le Sénégal (9,1%), la Gambie ( 7,9%), le Libéria (6,2%), le Soudan (5,6%), le Nigeria (5,6%) et le Kenya (5,4%).

Flux migratoires

Selon les estimations, près de 22 millions de personnes ont migré hors de l’Afrique subsaharienne. Le continent détient le taux de migration interne le plus élevé au monde, avec notamment trois migrants africains sur quatre qui vivent dans un autre pays d’Afrique.

Par ailleurs, les îles et les pays dits « fragiles » ou touchés par un conflit ont en général des taux élevés d’émigration de personnel hautement qualifié. Dans le cas du Cap-Vert, par exemple, ce sont 68% des personnes qui ont fait des études supérieures qui ont quitté l’archipel. Un phénomène observé aussi en Gambie (63%), en Île Maurice (56%), aux Seychelles (56%), en Sierra Leone (53%), au Ghana (47%), au Mozambique (45%), mais aussi au Liberia (45%), au Kenya (38%) et en Ouganda (36%).

Les couloirs migratoires les plus actifs d’Afrique subsaharienne se situent entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire (1,3 million de migrants), le Zimbabwe et l’Afrique du Sud (900 millions de migrants) et aussi entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso (800 millions de migrants). À cette liste s’ajoutent les flux migratoires entre l’Ouganda et le Kenya, l’Erythrée et le Soudan, le Mozambique et l’Afrique du Sud, le Mali et la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo et le Rwanda, le Lesotho et l’Afrique du Sud, ainsi qu’entre l’Érythrée et l’Éthiopie.

Migration and Remittances Factbook 2011 est la deuxième édition d’un volume publié en 2008. Le recueil se base sur les données statistiques rendues publiques par des sources fiables, ce qui explique le manque de données relatives à certains couloirs importants, par exemple Zimbabwe-Afrique du Sud.

9 novembre 2010

Source :   APO

Quinze artistes contemporains marocains de six pays de résidence , révèlent leurs œuvres au Musée de Marrakech, « Résonances » (jusqu’au è décembre), la manifestation qui les réunit…Suite

Artiste nomade, plasticien pluridisciplinaire, explorateur engagé des affrontements entre cris et silence, ombre et lumière, André Elbaz présente une œuvre riche et forte, viscéralement tournée vers l'Autre. Il présente simultanément à Casablanca et Rabat 250 œuvres, qui sont autant de clins d'œil à 50 ans de création. Entretien…Suite

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