samedi 2 novembre 2024 03:45

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Botola VS joueurs marocains de l’étranger : Le match du Mountakhab en chiffres

Après la polémique stérile et haineuse sur l’appel au boycott des binationaux au sein de l’équipe nationale de football, lancé par un chroniqueur de Luxeradio, il serait intéressant de recentrer les débats passionnés sur les choix sportifs. Sélectionneur marocain ou étranger ? Equipe constituée de joueurs du championnat national ou de Marocains résidant à l’étranger ? Pourquoi sommes-nous si mauvais ? Réponses en chiffres.

«J’ai parfois du mal à comprendre les exigences de tout ce peuple par rapport au nombre d’années sans grand résultat…». C’est la réponse cinglante de Hervé Renard à une question d’un journaliste avant le 1er match de la CAN 2017. Une phrase qui vise juste, même si on peut reprocher qu’elle soit exprimée par un sélectionneur qui est payé pour aller le plus loin possible et non refroidir les espérances de coupe pour les supporters marocains. Les attentes du public sont en effet paradoxales : une place en finale ou bien la porte.

A défaut d‘un palmarès récent, les fans du Mountakhab vivent dans une glorification du passé. Pour les plus jeunes, on se souvient de la finale contre la Tunisie (pays organisateur) lors de la CAN 2004, ou du beau jeu des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde 1998. Sautant l’épisode 1994 qu’on préfère tous oublier, on arrive à l’année magique, 1986, avec la communion d’une équipe africaine qui a bousculé les nations européennes sûres d’elles. Avant cette date pivot, les plus anciens se remémoreront une 3ème place à la CAN 1980, une Coupe d’Afrique en 1976 et la première qualification à une phase finale de la Coupe du monde en 1970.

Voilà, en un paragraphe, nous avons fait le tour. Nous sommes nostalgiques de quelques coups d’éclats mais rien de bien exceptionnel comparé aux autres pays africains. Mais certains supporters ont, semble-t-il, trouvé la raison de nos échecs successifs : la sélection de joueurs évoluant dans des championnats étrangers. Un fan, fâché avec les faits, a même osé avancer que «la sélection des joueurs locaux réussit mieux que le Mountakhab». Plongée dans les chiffres de la CHAN (Championnat d’Afrique des Nations) qui regroupent les équipes nationales composées uniquement des joueurs locaux. Patatrac ! Aucun palmarès pour les quatre éditions, avec une participation à seulement deux d’entre elles. En 2014, on a pu passer les poules pour chuter en ¼ de finales, alors qu’en 2016, trois petits matchs  et puis s’en vont.

«Khassna Zaki»

Il n’y a donc aucun fait probant permettant d’affirmer qu’une équipe constituée uniquement de joueurs locaux réussirait mieux que l’équipe actuelle. Mais ce n’est pas une raison pour les exclure du Mountakhab. Si nous n’avons pas 23 joueurs suffisamment bons pour affronter les autres nations africaines, il y a tout de même des compétences dans les différents clubs de la Botola. Actuellement, Hervé Renard n’en a sélectionné qu’un : Amine Atouchi du WAC. Et sur les 12 derniers mois, aucun autre joueur de la Botola n’a, semble-t-il, eu les faveurs du sélectionneur. On peut le regretter car même si son dispositif répond à une logique d’ensemble, la place du foot étant telle dans la vie d'une nation, qu’il convient parfois de répondre à des exigences extra-sportives. C’était le cas de Badou Zaki lors de la CAN 2004. Sur les 23 joueurs sélectionnés, il a pris soin d'en choisir 6 issus du championnat national. Mais lors de la finale contre la Tunisie, aucun botoliste n’a été choisi. Un fait que beaucoup de nostalgiques adeptes du «khassna Zaki» oublient, s’attachant juste à sa marocanité et à la gloire passée.

La nationalité du sélectionneur est, d’ailleurs, l’autre grosse revendication des supporters marocains. Les étrangers coûtent chers et n’apportent aucun résultat tangible, affirment-ils en chœur. Replongeons-nous dans les données pour tirer le vrai du faux. De 1957 à 2017, le Mountakhab a connu 42 sélectionneurs, dont 22 Marocains. Les meilleurs résultats ont été obtenus avec des étrangers : Gheorghe Mărdărescu (1974-1978) a remporté la 1ère coupe d’Afrique pour le Maroc (1976) ; José Faria (1983-1988) a pour la première fois décroché une qualification en 1/8ème de finales (1986), Henri Michel (1995-2000) a obtenu les meilleurs classements FIFA de toute l’histoire du football marocain de 1996 à 2000 (1er pays africain).

La FRMF #oklm

Ce rappel statistique n’est là que pour contredire les affirmations chauvines basées sur l’intime conviction. Il va de soi que des sélectionneurs marocains peuvent faire mieux que des étrangers (Zaki en 2004) et que la nationalité n’offre aucune garantie de résultats. D’ailleurs, depuis 2009, quel que soit le sélectionneur, nous collectionnons les plus mauvais classements FIFA de notre histoire. Preuve que la vérité est ailleurs. Une piste pourrait se trouver dans la longévitée des entraineurs à la tête de la sélection. Mărdărescu, Faria, Michel et Zaki ont eu la paix pour créer leur groupe de joueurs durant 4, 5 voire 6 années. Depuis 2005, nous avons cramé pas moins de 11 sélectionneurs. Difficile de préparer une nouvelle génération de joueurs et constituer un groupe solide quand on a qu’une année ou deux.

Sous la pression d’un public impatient, capricieux, qui peut aimer à la folie son équipe nationale aujourd’hui et la maudire le lendemain après un mauvais résultat, la Fédération royale marocaine de football a choisi la facilité. Dépenser toujours plus d’argent, aller au moins risqué et faire sauter un ou plusieurs fusibles quand la pression devient trop forte. Personne ne se rend au chevet de la Botola qui ne cesse de pérécliter alors que d’autres championnats locaux d’Afrique montent en niveau. D’ailleurs, le football n’est que l’arbre qui cache la forêt d’incompétences de nos responsables sportifs. L’athlétisme est aussi mal en point, et là, il n’y a ni entraineur étranger, ni athlète MRE pour servir de bouc émissaire.

23 .01.2017, Mohamed Ezzouak

Source :Yabiladi

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