samedi 27 avril 2024 06:11

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L'Allemagne choisit de se préparer à la pénurie de main-d'oeuvre de l'après-crise

Les entreprises allemandes veulent s'assurer qu'elles disposeront d'ingénieurs et d'ouvriers spécialisés pour la reprise. En attendant, de jeunes diplômés seront embauchés et mis au chômage partiel.

Leurs carnets de commandes sont décimés et leurs salariés en chômage partiel, mais les entreprises allemandes agitent à nouveau le spectre de la pénurie de main d'oeuvre et recrutent déjà en prévision de l'après-crise.

Chez Trumpf, société familiale basée près de Stuttgart, dans le sud-ouest du pays, 80% des 4.500 salariés allemands sont en chômage partiel depuis juillet, faute de demande pour ses poinçonneuses industrielles et machines à découper la tôle. Et sur l'exercice clos le 30 juin dernier, les entrées de commandes ont chuté de 35%. Mais cela ne va pas empêcher le groupe d'embaucher d'ici au mois de juin prochain 25 ingénieurs tout frais sortis de l'université pour les mettre directement... au chômage partiel subventionné par l'Etat, annonce Ingo Schnaitmann, porte-parole de l'entreprise.

"Nous voulons absolument éviter que ne se reproduise la même chose que dans les années 90", explique-t-il. A l'époque "personne n'a embauché à cause de la crise, du coup de moins en moins de jeunes ont commencé des études d'ingénieur, et quand l'économie est repartie on en a manqué".

Les règles autour du chômage partiel ont été assouplies, et les fédérations professionnelles s'organisent

Ce que font Trumpf et d'autres aurait été interdit il y a encore quelques mois, mais l'Agence pour l'emploi, consciente du problème, a assoupli les règles autour du chômage partiel pour permettre aux entreprises de recruter dans cette situation. Car, alors que la crise bat encore son plein et que l'Allemagne se prépare à une hausse du chômage dans les mois à venir, "il y a toujours plus d'offres d'emplois pour les ingénieurs que de candidats", selon Michael Stahl, chargé des questions de formation pour la fédération des industries du métal et de l'électronique, Gesamtmetall. La fédération des employeurs BDA évoquait récemment le chiffre de 60.000 spécialistes faisant défaut, presque exclusivement dans les métiers techniques.

Du coup, les fédérations comme Gesamtmetall font tout pour s'assurer que les entreprises disposent de suffisamment de jeunes ingénieurs et d'ouvriers spécialisés dès que les affaires reprendront. Ce qui ne saurait tarder à en croire les indicateurs de l'industrie allemande, dont les derniers pointaient tous vers le haut. En Bavière, la section régionale de Gesamtmetall a créé une sorte de société d'intérim, qui embauche les jeunes diplômés à la fin de leurs études, puis les "prête" aux entreprises qui en ont besoin, mais en les payant elle-même.

"Comme cela ils ne sont pas à charge des entreprises", explique M. Stahl. Dans certaines sociétés, les banques, devenues très regardantes sur les conditions d'octroi du crédit, s'opposent à de nouvelles embauches, mais le besoin de main d'oeuvre qualifiée est là, détaille-t-il. Une fois passé le plus dur de la crise, les jeunes recrues devraient être embauchées par leur employeur de fait. L'enjeu, c'est "que les jeunes diplômés ne perdent pas leur savoir, et qu'ils n'aillent pas voir dans d'autres branches", selon Holger Wuchold, de la fédération sectorielle des machines-outils VDMA.

Car les fabricants de ces machines, grande force de l'industrie allemande, sont parmi les employeurs qui ont le plus souffert ces dernières années d'une pénurie de main d'oeuvre à mettre sur le compte à la fois de la démographie - la société allemande vieillit, et les générations du baby-boom partent à la retraite sans que la relève soit assurée - et d'une désaffection pour les professions scientifiques et techniques.

Dans la seule ex-RDA, où la natalité a chuté dans les années 90 et où l'émigration vers l'Ouest a fait le reste, le réservoir de main d'oeuvre va chuter de 2 millions de personnes d'ici 2025, selon une étude de l'institut de recherche sur le travail (IAB).

Source : Les Echos

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